Château Gressier Grand Poujeaux

Rappel historique : Ce château se situe entre Moulis et Margaux, au lieu-dit Grand Poujeaux.
Le vignoble appartient à la famille Gressier et Castaing depuis 1760, mais en 1860, une division du terroir modifie les appellations : Mme Castaing choisit le nom de Chasse-Spleen pour la partie dont elle a la gérance, Monsieur Gressier désigne alors du nom de Gressier Grand Poujeaux, la partie restante. Celle-ci est rattachée à Chasse-Spleen en 2003.
L’âge moyen des vignes est de 27 ans, et le terroir ( 22 ha) produit un rendement de moyen de 50hl/ha, permettant une mise de 150000 bouteilles. Il n’est produit aucun second vin. L’encépagement est à dominante de CS 60 %. Le merlot est assemblé à hauteur de 25 %. Egalement 10 % de CF et 5 % de petit verdot.

L’élevage se fait pour 18 mois en fûts neufs pour un tiers de la production, les deux autres tiers étant en barriques renouvelées tous les deux ans.

Gressier Grand Poujeaux, 2002
En dépit de notes de cassis, les caractéristiques végétales de la mousse, de l’humus, de la terre mouillée… voire du buis ou du bourgeon de cassis, altèrent considérablement la tenue olfactive. En bouche, si les notes boisées sont affirmées, elles n’occultent en rien les impressions végétales, accordant alors davantage au goût réglissé les saveurs plus particulières du bâton de réglisse. Le fruit n’est pas en reste toutefois : la myrtille est assez repérable. Tenue, rétention et finale plutôt convaincantes.

Gressier Grand Poujeaux, 2001
Le nez est assez peu expressif, laissant les appréciations aromatiques se révéler essentiellement en bouche ; fraise, ou plutôt soupe de fraise, réglisse et anis, fleur de badiane, le tout combinées à une présence végétale assez marquée. Une astringence tannique confirme un moût trop peu réducteur qui laisse délibérément prégnante cette matière végétale, rendant alors ce moulis très austère.

Gressier Grand Poujeaux 1999
Timidité du nez à nouveau, mais découverte d’une palette aromatique annonciatrice de notes tertiaires, de torréfaction en particulier. Ce millésime apporte également une minéralité distinctive en bouche par des amers, notamment dans une finale quelque peu asséchante et au goût de réglisse. Toujours cette austérité, ce végétal, qu’il est à regretter. Le toucher est néanmoins plus flexible, pour des tannins qui restent encore trop saillants.

Gressier Grand Poujeaux, 1997
Extraversion, enfin, d’un bouquet plus sociable en terme de fruits et d’épices par l’apport gourmand de la confiture, du sureau, de la réglisse et du clou de girofle. La bouche offre une bonne allonge, s’étire encore sur des amers, plus doux, plus subtils qui tendent cette fois à éclipser le végétal. Les tanins se sont assouplis du même coup.


Conclusion :
Ce vin est extrêmement difficile à juger dans sa jeunesse : sans doute un parti pris des procédés de vinifications, qui le rend très peu accueillant, austère, et un peu rude. L’élevage est maîtrisé : il apporte un boisé plein de distinction et qui n’encombre pas la bouche. Un vin à revoir dans quelques années.

Votre conclusion est pertinente. Gressier Grand Poujeaux nécessitait au moins 10 à 12 ans de cave avant d’atteindre son apogée. J’en ai eu l’expérience avec le 1996, qui n’est devenu véritablement supérieur qu’en 2008. Des 36 bouteilles achetées il me restait alors plus que 8. Celles-ci étaient devenues merveilleuses. Les autres bouteilles partirent en dégustations successives (suivi de cave).

Je me demande bien ce que les nouveaux propriétaires font faire de Gressier. Un remembrement est possible ou une absorption par Chasse spleen. Mais en marketing on a tout intérêt à garder les différentes marques. De toute façon on peut s’attendre à une modernisation de l’équipement et des méthodes.